Regard pluriel sur l'enseignement et l'apprentissage des mathématiques à l'école primaire
Les textes réunis dans ce document sont issus de travaux effectués dans le cadre de deux cours de troisième cycle de la faculté des Sciences de l'éducation de Genève :
- " Apprentissage : dimensions métacognitives et sociocognitives ", donné par Linda ALLAL ;- " L'analyse didactique des interactions en classe, le cas des mathématiques à l'école ", donné par Maria Luisa SCHUBAUER-LEONI.
Les problématiques traitées concernent plus spécialement le champ de l'enseignement et de l'apprentissage des mathématiques. Elles sont représentatives d'un questionnement développé dans un projet de thèse en Sciences de l'éducation, notamment celui du rôle et de la place des processus collectifs et communautaires dans une classe qui cherche à favoriser des activités de résolution de problèmes.
Perspective d'apprentissage situé un principe épistémologique : la participation à des pratiques sociales
Ce premier texte présente les concepts-clés de participation aux pratiques sociales et de communauté de pratiques développés par la perspective d'apprentissage situé de Lave et Wenger (1991). L'originalité de cette théorie d'apprentissage est d'exclure toute référence aux processus cognitifs des apprenants et de mettre l'accent sur une théorie des pratiques qui s'inscrit, pour une grande part, dans la tradition marxiste des sciences sociales. Un principe épistémologique est défendu : Apprendre, c'est participer aux pratiques sociales d'une communauté. Plusieurs recherches inscrites dans le mouvement mathematics education sont examinées, afin d'étudier quelques implications de l'exploitation de ce cadre théorique dans l'enseignement et l'apprentissage des mathématiques. On note que plusieurs chercheurs argumentent en faveur d'une coordination entre les processus sociaux d'acculturation et les processus de construction individuelle, considérés comme étant tous deux constitutifs de l'apprentissage. En conclusion, le rapprochement entre la notion de contrat didactique (Brousseau, 1986 ; Schubauer-Leoni, 1986) et le concept de processus de négociation des normes sociales et sociomathématiques de la classe est brièvement interrogé. Analyse des régulations didactiques de deux mises en commun dans l'activité mathématique " Chiffrage ", 3PCe deuxième texte s'inscrit dans le cadre théorique de la didactique francophone des mathématiques, notamment dans la théorie des situations didactiques de Brousseau (1986). Sur la base des protocoles des interactions verbales au cours de deux mises en commun et sur la base des traces écrites des élèves, les interactions didactiques entre l'enseignant et les élèves sont analysées. Le projet de dévolution de l'enseignante est tout spécialement interrogé, ainsi que la part prise par certains élèves dans le processus de négociation du contrat didactique. Il est observé que la première mise en commun, insérée entre deux phases de situations a-didactiques d'action, sert essentiellement à la régulation de l'activité de deux élèves en particulier. Les rapports au savoir très différents de ces deux élèves sont mis en évidence. Quant à la deuxième mise en commun, l'analyse montre que sa fonction première est de dévoluer à l'ensemble des élèves la situation a-didactique de validation des résultats. En ce sens, la mise en commun apparaît comme une phase de transition servant à renégocier le contrat didactique avec les élèves. D'une façon générale, les analyses menées mettent en évidence la nature différente des interactions didactiques qui peuvent se développer sous le label général de " mise en commun ". Il est à relever que le rôle des mises en commun en tant que processus sociaux d'acculturation n'est pas étudié dans cette recherche, un rôle qu'une théorie telle que la perspective d'apprentissage situé (Lave & Wenger, 1991) inciterait précisément à questionner.