Sens et puissance
L'évidence saute aux yeux : les systèmes éducatifs suisses romands sont errants à l'externe, ils sont errants à l'interne, en termes de politique éducative, d'action syndicale, et de statut. Partout éclate l'absence de cohérence entre les politiques, entre les cantons, entre les degrés, à l'intérieur des systèmes aussi.
Errance ou cohérence? Telle est la question explicite posée par la SPR à Yverdon, le 17 juin 1995. Mais la question se pose-t-elle vraiment en ces termes de nomadisme et de sédentarité? Le souhait d'un univers cohérent ne se réfère-t-il pas à un monde clos et continu en voie de disparition? Car, enfin, les systèmes sociaux glissent vers d'autres univers marqués d'interdépendance, de mouvement, de discontinuité et de pluralisme. N'avons-nous pas à construire ces nouvelles dynamiques sociales?
Dès lors, l'errance ne serait plus incohérence, mais au contraire facteur de construction sociale dans une culture de rencontre, de négociations et de mouvement gérée par les systèmes éducatifs eux-mêmes. S'imposerait alors que l'on recherche plus de sens. Et plus de puissance aussi. Plus de sens et plus de puissance en termes de politique éducative, d'action syndicale et de statut, selon les propositions d'Yverdon.
Les acteurs de l'Ecole seraient alors appelés à devenir les nouveaux « nomades de la co-errance ». Leur nouvelle cohérence serait alors dans leur gestion du pluralisme. C'est là, la nouvelle modernité de l'Ecole, en regard d'une société en mutation. C'est l'horizon de demain des subtils rapports du pouvoir et du consentement, fondement de la Coordination scolaire romande.
Ces subtils rapports traversent les propositions des trois groupes de travail de la SPR et visent à des développements à caractères pédagogique (plus d'innovation), syndical (plus de force romande) et statutaire (plus de professionnalisme). Les trois visées sont liées par la dynamique sociale qui les sous-tend. Elles peuvent s'échelonner dans leur calendrier de mise en oeuvre.