Nous avons... ... écouté l'émission Tribu
La majorité des classes fonctionnent normalement et ne font pas parler d'elles. A tort ou à raison, c'est au contraire des cas plus rares de conflits, parfois entre les parents et les enseignants, dont on entend parler plus souvent. C'était le sujet abordé dans l'émission Tribu et, cette fois, pour une bonne raison: proposer des clés pour une relation plus sereine entre les parents et les enseignants. Bernard André discute durant les 25 minutes que dure l'émission quelques-uns des nombreux points traités dans son livre, dont celui de l'évaluation, bien connue pour être une source de conflit. Petit extrait de l'émission sur cette question.
" Bernard André: Les parents accordent souvent plus d'attention à la note qu'aux apprentissages que celle-ci pourrait représenter. Or, pour l'élève et tout son parcours futur, les notes sont moins impor-tantes que ce qu'il a appris. Il faut encourager les parents à se demander où en est leur enfant dans ses apprentissages, s'il apprend, ce qu'il apprend et ce qu'il devrait pouvoir mieux apprendre, plutôt que focaliser sur les notes et venir réclamer des points et de demis points à l'enseignant pour avoir juste la moyenne. C'est bien sûr un calcul raisonnable et je le comprends tout à fait, mais si les savoirs ne sont pas là, l'élève aura des difficultés plus tard. S'intéresser plus aux apprentissages de leur enfant qu'à ses notes est, à mon avis, nettement plus profitable pour tout le monde.
Le conflit des notes tient parfois plus du calcul d'épicier que de la véritable mission de l'école. Notre société réclame des notes, mais elles sont très relatives… Que signifient-elles? Eventuellement une comparaison entre élèves mais elles restent très relatives. Le même travail corrigé par deux enseignants ne sera pas forcément noté de la même manière. Changez l'ordre des exercices d'un travail écrit, les notes des élèves changeront également. Ainsi il parait plus profitable de se concentrer sur la mission centrale de l'école, qui est de faire progresser tous les élèves autant que possible, plutôt que de se battre sur les notes.
Laurent Caspary: On peut malgré tout comprendre les parents, Bernard André, puisque les notes sanctionnent notamment le passage d'une année à la suivante. Il y a une grosse pression sur les parents: suivre son enfant c'est du travail […]!
Bernard André: Oui certainement, mais à nouveau, c'est plus payant à long terme de s'intéresser aux apprentissages qu'à la note: si les apprentissages sont là, les notes suivront. Par contre, les notes peuvent donner satisfaction momentanément sans que les apprentissages suivent. De nombreux élèves travaillent uniquement pour faire une bonne note et ont oublié ce qu'ils avaient appris trois semaines après; leur but était la note, non d'apprendre des nouvelles choses. A long terme, ces élèves vont de toute façon se trouver devant des obstacles majeurs. Donc je dirais aux parents : visez le long terme et travaillez sur les apprentissages, aidez l'enfant à trouver du sens dans ce qu'il apprend. Dans certaines familles on dévalorise les savoirs scolaires en disant que ça ne sert pas à grand-chose. Si l'enfant pense ainsi, il va peu s'impliquer ou alors, justement, il va s'impliquer pour la note. Au contraire, mettre son énergie dans les apprentissages plutôt que dans les notes me semble être un moyen intéressant de faire progresser son enfant, ainsi que de faire alliance avec l'enseignant, parce que celui-ci est d'abord un spécialiste des apprentissages: son but c'est que les élèves progressent, développent leurs connaissances, leurs compétences […]."
Anne Bourgoz Froidevaux
Journaliste scientifique
Ecouter l'émission: Tribu (RTS La Première) jeudi 18 juin 2015
Lire le livre: André, B., Richoz, J.-C. (2015). Parents et enseignants: de l'affrontement à la coopération. Lausanne: Editions Favre